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Docteur Corinne et Mrs Diacre

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Kheira Hamraoui et Corinne Diacre ont un point commun : elles sont toutes les deux nées à Croix, dans les Hauts-de-France. Mais mis à part cet amour inconditionnel pour cette commune de la métropole lilloise, les deux femmes sont loin d'être sur la même longueur d'ondes. Il ya quelques jours, la milieu de terrain du FC Barcelone nous confiait qu'elle n'avait pas oublié l'Equipe de France, elle qui n'a plus porté le maillot bleu depuis le 4 avril 2019, lors d'une victoire face au Japon. « Je suis tellement concentré sur mon club, je me dis que si ça se passe bien avec le Barça, le reste va venir. Si je le mérite, je le mérite. » Au vu de sa saison (23 titularisations, trois pions et deux passes décisives) et de la forte concurrence au milieu (Alexia Putellas, Victoria Losada, Aitana Bonmati), l'ancienne lyonnaise a su faire son trou pour jouer un rôle clé dans l 'obtention du triple Ligue des Champions-Championnat-Coupe de la Reine. Pourtant, le numéro 10 barcelonnaise une nouvelle fois été snobée par Corinne Diacre pour le match face à l'Allemagne, le 10 juin prochain.

Si le choix en lui-même est difficilement compréhensible, la justification quant à l'absence de Kheira Hamraoui laisse bouche bée. « Je ne l'ai pas pris de toute la saison, ce n'est pas parce qu'elle a gagné trois titres que je vais certainement la prendre. J'ai suivi ses performances, je suis les performances des autres joueuses qui sont à l'étranger », a expliqué Corinne Diacre en conférence de presse, qui a préféré revoir Sandie Toletti, absente du dernier rassemblement. Un coup de couteau difficile à digérer, surtout quand on sait que la sélectionneuse juge « à l'instant T » , et que Kheira Hamraoui est « la seule française championne d'Europe aujourd'hui. »

Des arguments qui n'ont aucun sens

Si on suit la logique de Corinne Diacre, les joueuses qui gagnent des trophées ne doivent donc pas être appelées en Equipe de France. Faut-il lui rappeler que le groupe bleu a longtemps compté sur un vivier incalculable de Lyonnaises (jusqu'à 12 noms sur 23), qui gagne tout ou presque depuis 15 ans ? Pourtant, le cas Hamraoui est la partie immergée de l'iceberg. La sélectionneuse, en poste depuis 2017, multiplie les mauvais choix et les polémiques. Demandez à Amandine Henry, capitaine des Bleues depuis l'arrivée de Diacre sur le banc, éjectée de la dernière liste et sur la corde raide depuis l'automne, lorsqu'elle avait reproché « le management et l'autoritarisme » de la sélectionneuse. Un comportement que cette dernière avait nié après le grand succès face au Kazakhstan en novembre dernier.« Ce n'est pas moi qui pollue l'atmosphère. De mon côté, je fais mon travail, je fais des choses. Après, ça plaît ou ça ne plaît pas, ça convient ou ça ne convient pas. Ce que je peux vous assurer, c'est que mon travail est d'amener cette équipe de France au plus haut niveau. » Voilà comment fracturer un groupe qui n'en avait pas forcément besoin.

En parlant du haut niveau, justement, l'Equipe de France est loin de l'atteindre. Si le bilan de Corinne Diacre reste plus que positif (32 victoires, cinq nuls et quatre défaites en 41 matchs), la donne est complètement différente lorsque l'adversaire est supposé plus fort. Championnes des matchs amicaux et des qualifications face à des équipes supposées plus faibles sur le papier, les Bleues sortent d'une prestation indigne face aux Etats-Unis (0-2), 18 mois après la claque en quart de finale du Mondial à la maison. Si la sélectionneuse veut « un mélange de jeunesse et d'expérience » pour les années à venir, cette mayonnaise ne prend pas du tout face à des rouleaux compresseurs comme les Américaines, « où chaque détail à son importance », dixit l'ancienne capitaine des Bleues. La preuve en est, lors de la rencontre au stade Océane en mars dernier, le milieu Jaurena-Dali-Geyoro avait pris l'eau face à Megan Rapinoe & Co. Une grosse erreur de coaching qui doit entraîner une remise en question de la part de Corinne Diacre. Ça ne fait pas de mal à personne, même à un de l'Euro, alors que l'EDF cherche encore à garnir son armoire à trophées.